[FRANCHE-COMTÉ] UNIP : Historique d’un groupuscule déjà disparu.

Qui a déjà entendu parler de l’UNIP, l’Unité des Nationalistes, Identitaires et Patriotes? Certainement peu de personne, mis à part le petit microcosme fasciste et néo-nazi de la frontière Est de la France.

Aujourd’hui disparu, son existence n’a été marquée par aucune action publique. Alors pourquoi en parler?

Parce qu’il est toujours utile d’analyser ce type de groupe car il reflête un instant T qui peut toujours se répéter, et il montre comment nait et s’éteind un groupe, ses faiblesses et ses points forts.

Mais cela permet également de mettre à jour les curriculum-vitae de certains petits nazillons locaux.

L’UNIP n’éxiste plus, sa page web a disparu (http://unip.over-blog.com via http://www.unipfrance.org/), tout comme ses différentes pages facebook, une pour chaque section créée. On ne retrouve les traces de l’UNIP que dans d’autres pages web et facebook appartenant aux groupuscules dont cette structure a été proche lors de son existence.

Et nous regrettons vraiment de n’avoir pas été plus sérieu-x-ses et de n’avoir pas effectué des captures d’écrans régulièrement car cela valait son pesant de cacahuètes. L’UNIP avait édicté un programme politique en plusieurs points répartis par thêmes (un peu comme l’avait fait La Dissidence en 2017), avec tellement de fautes d’orthographes, de grammaire, des phrases sans verbe, ou avec verbe mais sans sujet… c’était hilarant.

Mais rien de neuf en ce qui concerne la ligne politique : xénophobie, islamophobie racisme, rémigration, peur du grand remplacement, lutte contre le complot judéo-maçonnique, haine de la gauche, des anarchistes et des syndicat, nostalgie d’une « grandeur de la France »…

Création

L’UNIP a été créée début 2016 par Florent-Pierrick Baumer qui venait de se faire virer du FN en 2015 suite à l’article paru sur ce site (Le joli T-shirt néo-nazi de Florent-Pierrick Baumer). Il a même eu le culot de nier de la façon la plus hypocrite ses acointances avec les fachos locaux dans la presse locale (macommune.info : un ex-membre du modem porte un t-shirt neonazi sur facebook)

Mais pas bête, et pour ne plus se faire virer d’un parti, il va donc créer son propre parti politique dont il sera évidement le président (c’est plus prudent).

Ce sera l’UNIP, dont la signification Unité des Nationalistes, Identitaires et Patriotes semble être un mixe indigeste des différentes familles de l’extrême droite, mais qui correspond à l’image de de la fachosphère locale à ce moment. En effet, début 2016, il n’y a plus aucun groupe d’extrême droite radicale en Franche-Comté, et l’UNIP semble vouloir être un nouveau concept pour rassembler tous les orphelins à cranes rasés et bras tendus qui trainent éseulés en quête d’un nouveau groupuscule et d’un nouveau « guide », avec un folklore qui se rapproche du national-socialisme.

Le logo choisi est à l’image du nom : un mélange de couleur et de signes faisant références à des groupes dissous:

  •  La croix celtique au milieu du bleu et rouge fait référence au drapeau de l’Oeuvre Française (groupe dissous).
  • Le surlignage de la croix celtique donne un petit coté Wehrmacht période nationale socialiste (ce qui n’est pas très patriotique!)
  • La couronne de lauriers, est issue du Parti Nationnaliste Français qui a été créé après la dissolution des Jeunesses Nationalistes en 2014.
  • Seule initiative, seul symbole nouveau dans la sémiotique d’extrême droite : un valknut est mis en position centrale.

Mais la signification viking initiale du valknut est mise à la poubelle, les trois triangles embriqués représentent désormais trois nouvelles valeurs : nation, identité et patrie.

Bref : du recyclage.

Est ce aussi du recyclage de militants?

Oui et non, réponse de Normand.

Le groupuscule va tourner tout le long de son éphémère existence autour de quatre personnages qui ont déjà un passé d’ancien-ne-s militant-e-s. Il s’agit de :

Concernant d’autres militant-(e)-s, au vu du peu d’activité de l’UNIP, ils n’ont eu qu’un rôle extrèmement secondaire. Nous supposons qu’ils sont issus de groupes disparus (Front Comtois, Jeunesses Nationalistes, Blood and Honour C18, et peut être également du Blud und Boden), sont associés à un autre groupe existant (Dissidence Française, Front de Défense de la France) ou font parti plus généralement de la scène néo-nazie skin de l’Est (Franche-Comté). Leur nombre est inconnu, mais pas plus d’une douzaine (c’est ce que laissaient supposer les commentaires laissés sur les pages facebook des sections principales : Besançon et Belfort-Montbéliard).

On peut ainsi nommer :

  • Marc Duteil : co-fondateur de l’UNIP, responsable et certainement unique membre de la section Haute-Savoie.
  • Marc Vitali : compagnon de Manon Vitali
  • Nicolas Mauvais : section Belfort-Montbéliard
  • Jonathan Huot : il apparait régulièrement sur les pages facebook, mais son implication dans l’UNIP est discutable.

Les connections en France et à l’étranger:

Suite à son exclusion du FN, Florent-Pierrick Baumer quitte la région bisontine pour aller bosser en Suisse (ce qui n’est pas très patriotique! il pique le pain dans la bouche du travailleur Suisse!).

Il s’installe à Pierrefontaine-Les-Varans, un village un peu paumé à la frontière du Haut-Doubs mais à proximité également de la frontière suisse.

C’est de ce village qu’il va « gérer » l’UNIP.

Bulletin d’adhésion
L’adresse de Baumer y apparait

S’il a déjà développé des contacts avec les militants skins-nazis de Besançon, et notamement avec ceux qui gravitaient autour du Bunker, donc de David Beaune et de Sabrina Pandolfo, nous pensons que sa présence en Suisse lui a permis de développer rapidement des contacts avec la fachosphère helvétique et surtout avec le PNS (Parti Nationaliste Suisse ) de Philippe Brennenstuhl.

Par ce contact, il liera rapidement des connexions avec de nombreuses structures d’extrème droite radicale.

CHRONOLOGIE :

Prologue 6 février 2016 :

Florent Pierrick Baumer et David Beaune apparaissent ensemble lors de la manifestation anti-migrants et anti-islamisation organisée devant la gare de Calais par PEGIDA. Ce fut lors de ce rassemblement que fut arrété le général Piquemal.

Sur la vidéo publiée par Taranis ( Calais : Manif d’extrême droite anti-immigration, sous la bannière de Pegida ), Florent-Pierrick Baumer apparait à la 8ème seconde en train de se faire controler, puis Baumer et David Beaune attendant le début du rassemblement à la 15ème seconde. On ne les appercevra plus de toute la vidéo.

David Beaune et Florent Pierrick Baumer à Calais

A cette date nous ne savons pas si l’UNIP est déjà créée.

Le 15 et 16 mai 2016 :

Dans un chalet suisse à Saxon près de Genève, une réunion organisée par le PNS et Philippe Brennenstuhl accueille la Ligue Patriotique et la Plateforme Patriotique et Identitaire Européenne représentées par Yann FARINA , le Front de Défense de la France et son président Jean-François MEILLIER, la Dissidence Française avec Vincent VAUCLIN, et l’Union des Nationalistes, Identitaires et Patriotes de Florent Pierrick BAUMER. Cette réunion accouche d’un Traité Multilatéral pour la Résurgence des Nations (Brrrr ça fait peur).

(lien :Un accord historique en Suisse)

Texte en PDF : Traité Multilatéral pour la résurgence des nations

11 juin 2016:

A la demande du PNS, l’UNIP devait rejoindre le rassemblement prévu pour protester contre l’ouverture du nouveau Musée de Culture Musulmane à la Chaux-De-Fond.

Face à l’appel lancé par plusieurs partis politiques de « gauche » liés pour l’occasion à de nombreux collectifs autonomes, les organisateurs du rassemblement (dont le parti UDC) ayant peur d’être confrontés à de potentiels affrontements entre groupes nazis et groupes antifascistes, annulent le rassemblement une dizaine de jours avant la date fixée.

(voir ici :lahorde : Suisse – contre-manif anti-islamophobe et rts.ch : La manifestation contre le musée sur l’islam à la Chaux-de-Fonds annulée)

Ce sera donc un rendez-vous raté pour l’UNIP qui manque une occasion de se montrer en public pour la première fois.

18 septembre 2016

Le PNS convie des militants de l’UNIP à visiter le musée militaire de Full dans le canton d’Aargovie. Ce sera l’occasion de prendre des photos de maquettes de navires de guerre aux pavillons aujourd’hui disparus. Un grand moment de nostalgie.

UNIP et PNS_Musée Full

30 septembre 1er octobre 2016

Baumer, Beaune et Pandolfo prennent l’avion direction Budapest, Hongrie.

Ils y retrouvent plusieurs délégations « étrangères »: la Dissidence Française menée par Vauclin, le FDF avec Jean-François MEILLIER, et le PNS avec Brennenstuhl.

Sur place, les 4 délégations sont accueillies par les néonazis locaux du Blood & Honour Division Hungary.

Au programme repas, visite de chateau, controle d’identité par les policiers locaux et concert de Sziva Balázs chanteur néo-nazi lors d’un rassemblement pour « la défense de l’Europe » devant le parlement Hongrois (voir le CR rédigé par le B&H Hungary sur leur page VK : ici)

On remarquera le T-shirt Blood & Honour que porte Florent Pierrick Baumer sur la photo du bas

Activité sur Besançon

Nous avons écrit « activité » au singulier car à notre connaissance l’Unip ne s’est manifesté qu’une seule fois en 2016, en été.

Sans matériel de propagande (pas d’autocollant ni d’affiche, l’UNIP possède des drapeaux mais ne les a jamais sortis), c’est avec l’aide de la section FDF Lorraine (devenue depuis FDF Alsace Loraine Franche-Comté Champagne) qu’ils redécorent le local du parti communiste bisontin dans le quartier de Palente, quelques devantures de commerces halal, et collent quelques affiches. Si les autocollants sont signés FDF, les affiches proviennent du Front National et du Parti De la France, indiquant les connections actuelles ou passées des militants Unip et FDF avec le FN et le PDF.

3 décembre 2016

Réunion militante à Montbéliard avec Thomas Joly du Parti de la France

http://www.thomasjoly.fr/2016/12/compte-rendu-de-la-reunion-militante-du-pdf-a-montbeliard-du-03/12/16.html

Reprenons les mots de thomas Joly président du PDF

Samedi 3 décembre, s’est déroulée une réunion militante à Montbéliard (25), à l’initiative de Christophe Devillers, Délégué régional du PdF pour la Franche-Comté.

La journée a commencé par une réunion informelle consacrée aux élections législatives suivie d’un déjeuner convivial entre militants patriotes et nationalistes.

Dans l’après-midi, après un préambule de Christophe Devillers, Thomas Joly, Secrétaire général du Parti de la France, a commenté l’actualité et détaillé les grandes orientations du Parti de la France pour entreprendre une véritable reconquête nationale et identitaire.

Les militant-e-s de l’UNIP y sont venu-e-s en nombre et pas seulement en tant que spectateurs. Florent Pierrick Baumer y prend la parole après Joly et Devillers. Il est évident que l’Unip a été invitée, ce que confirme les photos ci-dessous.

A gauche Baumer prenant la parole.
A droite Thomas Joly et Christophe Devillers

Concernant Thomas Joly et le Parti de la France, nous vous conseillons de lire les articles de La Horde sur le sujet :

L’UNIP s’éfface et fait place à des sections locales de la Dissidence Française.

Chose étonnante pour un groupuscule nouvellement créé, il va rapidement avoir deux visages.

Dès juillet 2016, c’est à dire 2 mois après la réunion près de Genève, Besançon Zone Dissidente est créé, puis c’est le tour de Belfort Zone Dissidente en septembre, dupliquant ainsi les deux sections comtoises de l’UNIP. Avec à la tête de Besançon ZD, Florent Pierrick Baumer et à la tête de Belfort ZD, Manon Vitali.

L’UNIP bénéficie alors d’un matériel de propagande fourni par la Dissidence Française. Les deux groupes vont également bénéficier d’un dynamisme de procuration en recopiant ce qui se fait dans les autres Zones Dissidentes :

C’est ainsi que Beldort ZD déploie une bâche au dessus de l’autoroute A36 près de Belfort, le 28 janvier 2017. Opération qui sera reconduite en octobre, toujours au dessus de l’A36 près de Sochaux.

Concernant le groupe de Besançon ZD, Baumer et Beaune donne surtout dans le collage de stickers et de formats A4 « REMIGRATION », mais on ne sait pas où. Pas sur Besançon en tout cas.

Cas flagrant de leur inexistance sur Besançon, le collage qu’ils effectuent avec un skin-nazi suisse lors du marché de noêl fin novembre 2016…

Tout laisse à croire qu’ils l’ont fait sur l’un des marché de noêl de Besançon. Mais lorsqu’ils collent sur la façade d’un cinéma, si on est Bisontin, on s’apperçoit de la supercherie. Cela ne correspond pas aux salles de cinéma de Besançon. En cherchant rapidement, on découvre que leur action s’est effectuée à Ornans, petite ville de 4000 habitants proche de Besançon, ayant un marché de noêl très modeste. De plus en semaine le centre ville d’Ornans (si on peut appeler « centre », il s’agit d’une rue principale avec une place) est quasiment mort.

Pas très glorieux.

Encore moins glorieux, la fameuse campagne « les notres avant les autres », lorsque l’on a vu nos amis fachos commencer à faire du social. Alors que sur les pages facebook des différentes Zones Dissidentes, on voyait moult photos de cranes rasés en bombers et treillis distribuer boissons chaudes et nourriture aux SDF « dessouche », Besançon ZD ne laisse qu’un court message.

Une sobriété étonnante pour des personnes qui aiment se mettre en scêne. Ce qui laisse à penser qu’il ne s’est rien passé…

Décevant, mais attendu. Baumer travaille en Suisse et vit à Pierrefontaine. Besançon est loin de ses trajets quotidiens. David Beaune et sa copine habitent à Ornans, et pour avoir régulièrement croisé Beaune à l’arrêt de car Besançon-Ornans, il est fort à parier que celui-ci n’ait pas de voiture.

Il est donc logique qu’une section bien que s’appelant Besançon n’y agisse jamais, quand celle-ci n’y met quasiment jamais les pieds.

FIN

A partir de décembre 2016, plus aucune activité de Besançon ZD. Belfort ZD déploie une dernière banderole le 28 janvier 2018 au dessus de l’autoroute A36, près de Sochaux. Ce sera là leur dernière action.

A partir de là, les deux pages facebook sont repris par la direction centrale de la dissidence.

Et la disparition des deux zones dissidentes, vaut également en ce qui concerne les deux sections comtoises de l’UNIP.

Pourquoi cette soudaine disparition? On n’en sait rien, aucune explication officielle n’a été donnée.

…L’après.

Manon Vitali avec quelques aciens de Belfort ZD se joignent pour un court week-end à un nouveau groupuscule dont la durée d’existance aura battu tous les records : quelques semaines (peut être 3 ou 4). Il s’agit du « Front de l’Est ». Comme seul matériel, ils n’ont que d’anciens autocollants de « feu » le Renouveau Français.

Florent Pierrick Baumer, sous son pseudo facebook Florent-Pierrick Steinar réapparait dans la presse suisse romande en tant qu’ancien membre du groupe nationaliste des Jeunesses Genevoises (?) pour avoir fait via sa page facebook (aujourdh’ui disparue) l’apologie du massacre de Christchurch en Nouvelle-Zélande en mars 2019.

L’illustré : plongée dans la fachosphère romande

Aux dernières nouvelles (avant qu’il ne clos sa page facebook), il serait domicilié à Genève.

David Beaune réapparait au tribunal de Besançon pour une photo de lui en uniforme SS, le bras tendu devant une synagogue (Est Républicain : Besancon, condamné pour apologie du IIIe-reich)

Il réapparait également lors de certains samedis rejoignant les Gilets jaunes de Besançon ou de Dijon, se faisant passé pour un Breton (drapeau sur les épaules) avec un nouveau tatouage : un 1312 au dessus de l’arcade gauche..

Il était (ou est encore) employé par la société RIVA sarl, entreprise de démolition.

Quelle conclusion en tirer?

Malgré un terreau qui semblait fertil, les disparitions ou dissolutions de groupes d’extrème droite n’ayant jamais fait disparaitre les militants, comme le montre la photo suivante…

UNIP + FDF + Ex-Front-Comtois

Sont présents des militants de l’UNIP (dont David Beaune), des militants du Front de Défense de la France (dont Jean-François MEILLIER), des anciens militants du Front Comtois, et quelques nazi-skins qui n’ont pas connus ni le Front Comtois ni les Jeunesses Nationalistes.

… l’UNIP n’a pas réussi à s’implanter malgré ses connections avec d’autres structures d’extrème droite radicale, ainsi que son implication comme satellite de la Dissidence Française de Vauclin. Et c’est tant mieux, les rapprochements faits avec le Blood & Honour Hongrois et le PNS suisse auraient pu avoir des conséquences néfastes en zone frontalière.

On peut émettre deux hypothèses à l’échec du groupe :

  • trop peu d’action sur le terrain, car sans publicité pas de renommée, donc aucun attrait.
  • Une hierarchie qui n’a aucune légitimité. Il ne faut pas oublier que le terrain n’est pas vierge et qu’il existe des personnes plus charismatiques que Baumer et Beaune.

Bref l’ UNIP: ni vu, ni connu, bon débarras.