Le Front National revendique plus de 500 listes présentées dans toute la France. Certains parlent même de près de 600… Même les chiffres du Front National lui-même se contredisent… Un résultat modeste pour les 36681 communes que compte la France. Quoi qu’il en soit, la progression est là par rapport aux chiffres de 2008 (aucune liste FN en Haute-Garonne cette année là). Une certaine « victoire » qui s’est entachée au fil des dernières semaines. Le Front National de Marine Le Pen avait réussi avec la complicité des « médias du système » à vendre la « dédiabolisation » du FN à un sacré paquet de crédules. Depuis quelques semaines, c’est un festival des révélations sur les magouilles frontistes, sur les candidats nazis… Fafwatch Midi-Pyrénées depuis ses débuts avait épargné le FN local. On profite de l’occasion des municipales pour soulever quelques lièvres.
Il y a quelques mois le Front National de la Haute-Garonne annonçait qu’il présenterait une dizaine de liste. Au final seulement Toulouse, Tournefeuille et Martres-Tolosane auront la chance d’avoir leur liste Rassemblement Bleu Marine. Encore que l’on n’est même pas sur, puisque les informations émanant du FN sont parfois contradictoires…
Toulouse
On salue la énième candidature de Serge Laroze qui a tenté de faire de l’humour avec ses mots-croisés sur plusieurs quartiers populaires de Toulouse, sur Merah, sur les roms, c’était fin, antisystème, subversif, hilarant… L’intéressé revendique 28 participations aux diverses élections en tant que candidat. Le drôle se permet même de dire dans plusieurs médias locaux : « «28 en tout! Cantonales, régionales, législatives, je les ai toutes faites. Je pourrais presque donner des cours à Sciences Po». C’est aussi intelligent que de dire « j’ai fabriqué une trentaine de maquettes d’avions en allumettes. Je pourrais presque donner des cours à Sup Aéro ».
Une autre habituée, Artémisa Rubio qui se présente sous son nom de jeune fille. À bientôt 76 ans on se demande pourquoi une telle parade. Son mari Jacques Mariés est aussi présent sur la liste. Artémisa Mariès, retraitée de l’enseignement, est surtout une militante affirmée des mouvements catholiques intégristes anti-avortement type SOS tout petits. Les époux Mariès peuvent aussi se targuer d’organiser des réunions nationalistes particulières à leur domicile. Comme en 2009, ou ils poussèrent à la création d’une antenne toulousaine du mouvement raciste européen « ville contre l’islamisation ». La même année, plusieurs lieux de culte musulman subirent des dégradations dans la région.
On note la présence d’une certaine Cécile Jeay… En réalité, il s’agit de Sixtine Jeay (Sixtine Isabelle Cécile Jeay). Ancienne de feu la section toulousaine du Renouveau Français. Depuis elle milite chez les identitaires. Bloc Identitaire, Jeunesses Identitaires, réseau Une Autre Jeunesse, Génération Identitaire… Autant de sobriquets pour cacher la merde révélée par les scandales successifs. Trop d’agressions et de condamnations médiatisées? Perte de visibilité médiatique? Impasse politique? Hop! On change de nom! Sixtine Jeay trop étiqueté « facho »? Ce n’est pas grave, on l’appellera Cécile et ça changera tout. Sixtine, nous l’avions globalement épargné jusque là.
Une militante très impliquée dans la section Identitaire de Toulouse depuis sa renaissance fin 2010 grâce au travail de Matthieu Clique. De Toulouse à Paris, elle multiplie les apparitions depuis plusieurs années comme à cette manifestation contre le droit de vote des étrangers en s’affichant avec les néo-nazis Parisiens.
Sixtine a étudié sur Paris, ce qui lui a permis de beaucoup s’amuser lors des manifestations contre le mariage gay et les débordements qui ont suivi.
Sur la liste Front National pour les municipales de Toulouse, on retrouve aussi Nicolas Boutin. Si on devait résumer le cas Boutin, on dirait qu’il est venu à Toulouse pour se mettre au vert… Originaire de Tours, c’est un militant extrémiste malheureusement trop connu dan sa ville d’origine. Militant au FNJ Tours, on le comprend en regardant le genre de visuel que poste le Front National de la Jeunesse sur leur Facebook (croix celtique, cagoulé armé… la France qui fait rêver). Boutin, c’est aussi un très proche de Vox Populi (voir ici et là) . Mais Nicolas est surtout un supporter du Tours Football Club via le groupe ultra « Turons 1951 » (ex « Tours’N’Boys »). Le qualificatif de groupe ultra est bien aimable car dans les faits, il s’agirait plutôt d’un groupe de hooligans bas du front. Nicolas accumulé depuis un certains temps les casseroles (agression, vol, vandalisme…). D’après nos informations, il a jusque là réussi à échapper aux sanctions judiciaires. Les enquêtes de la police ont peu abouti mais certaines sont encore en cours comme celle évoquée à la fin de cet article.
Tournefeuille
Du cotés de la liste Front National de Tournefeuille, on retrouve Christine Lanciaux. Militante au Bloc Identitaire, proche du milieu skinhead néo-nazie local. Christine est aussi une amie proche de deux groupes locaux de motards liés aux Hells Angels. Les Occitaners [2] et les White Troopers [3].
On en restera là pour le moment, alors qu’il y aurait beaucoup à dire encore. On n’a pas évoqué l’affaire Portheault ni les répercussions interne au sein du FN 31, ni même les casseroles de certains autres candidats, ni même développé la présence des identitaires dans la campagne électorale des municipales du Front National de la Haute-Garonne, ni même les photos de Marine Le Pen avec des néo-nazis locaux… On garde ça sous le coude pour de prochains articles.
[1] Le « mouvement scout » nationaliste et païen Europe Jeunesse créée en 1973 par Pierre Vial. Un des fondateurs du GRECE qu’il du quitté pour incompatibilité idéologique, Vial s’assumant un peu trop « suprématiste blanc». C’est un ex du FN et du MNR. Il est aussi le fondateur de Terre & Peuple en 1994.
[2] Occitaners, un groupe de motards toulousains créé par des skinheads d’extrême droite. La plupart des membres travaillent comme agent de sécurité dans plusieurs établissements de nuit toulousain situés notamment rue Gabriel Péri. Ils sont affiliés aux hells Angels. Groupe criminel d’envergure internationale qui depuis 2-3 ans mets les moyens pour renforcer son implantation en France. La création d’une structure officielle Hells Angels n’est pas aisée vis-à-vis des pouvoirs publics, ni envisageable pour cette organisation élitiste (on ne devient pas Hells en signant un simple formulaire). Du coup, on voit fleurir ici ou là plusieurs clubs de motards comme autant d’antichambre regorgeant de groupies/sous-fifres des Hells Angels. Niveau recrutement, la quantité est au rendez-vous, mais la qualité l’est beaucoup moins. Les Occitaners n’ont pas encore trop compris comme fonctionne le milieu des gangs de motard criminalisés et ils vont devoir faire un choix. Leurs nouvelles activités sont bien entendu incompatibles avec un engagement politique. Ils ne peuvent pas attirer l’attention bêtement en œuvrant pour l’extrême droite locale tout en essayant discrètement d’organiser le business de leurs vrais patrons. Déjà le 5 avril 2013, ils organisaient conjointement avec le Bloc Identitaire, une conférence sur le « racisme anti-blanc » à leur local situé à l’Union. Un local/bar associatif qui sert de repère pour toutes l’extrême droite radicale de la région. Fafwatch leur laisse encore une chance de s’occuper juste de leurs motos avant de leur consacrer un article qui risquerait de faire mauvais genre pour les affaires.
[3] White Troopers, club de motard affilié aux Hells Angels né en 2010 de la fusion entre deux groupes locaux. Depuis le club se développe de manière impressionnante dans tout le grand sud-ouest. Un club structuré et bien plus sérieux dans le genre que le groupe des Occitaners qu’ils ont contribué à créer (toujours dans la logique expansionniste des Hells Angels). Composé de plusieurs centaines de membres, ils ont beaucoup recruté notamment dans les milieux rock tendance bas du front. Recruter de l’idiot raciste n’est pas ce qu’il y a de plus intelligent mais à priori on peut compter sur la structure White Troopers tenue par d’anciens Hells pour maintenir les chiens fous en laisse.